
Après des années d’infertilité, nous avons adopté Sam, un adorable petit de trois ans aux yeux clairs. Mais lorsque mon mari lui a donné son premier bain, il a déboulé hors de la salle de bain en criant : « On doit le rendre ! ». Sa panique paraissait insensée… jusqu’à ce que j’aperçoive sur la peau de Sam une marque très reconnaissable.Jamais je n’aurais imaginé que rendre un enfant confié à notre foyer puisse déchirer notre couple. Avec le recul, je sais que certains cadeaux arrivent avec leur lot de chagrin, et que le destin a parfois un sens du timing cruel.

« Tu stresses ? » ai-je demandé à Marc tandis que nous roulions vers l’agence.Mes doigts serraient convulsivement le petit pull bleu acheté pour Sam, notre futur fils. La laine était si douce que j’imaginais ses épaules minuscules s’y lover. « Moi ? Pas du tout », a soufflé Marc, même si ses jointures blanchissaient sur le volant. « Je veux juste filer. Les embouteillages me mettent à cran. »Il tambourinait sur le tableau de bord — un tic nerveux devenu fréquent ces derniers temps.

« Tu as vérifié le siège auto trois fois », a-t-il plaisanté avec un sourire forcé. « Je suis presque sûr que la stressée, c’est toi. »« Évidemment que je suis nerveuse ! » ai-je repris en aplatissant encore le pull. « On a tellement attendu ce moment. »La procédure d’adoption nous a lessivés ; je m’en suis chargée presque seule, pendant que Marc se concentrait sur son entreprise en plein essor.

Formulaires sans fin, visites à domicile, entretiens… Des mois ont été happés pendant que je parcourais les listes des agences. Au départ, nous visions un nourrisson, mais les délais s’allongeaient à perte de vue ; j’ai fini par élargir nos possibilités.
